Selon les psychologues, psychothérapeutes et spécialistes de la petite enfance, les amis imaginaires constituent un phénomène normal chez l’enfant de 30 mois jusqu’à 5 ou 6 ans [5]. Avec la scolarisation, l’enfant se fait des amis parmi ses camarades d’école et abandonne peu à peu ces relations fictives. Les parents et les éducateurs ne doivent s’en inquiéter que lorsque les amis imaginaires deviennent envahissants ou que le phénomène perdure jusqu’à 8 ou 9 ans. On note une exception chez les enfants atteints du Syndrome d’Asperger [6] : ils s’attachent longuement à des amis imaginaires mais ont du succès à l’école et sur le plan social.
Pourquoi les enfants inventent un ami imaginaire ?
Le fait d’inventer un ami imaginaire est un reflet de l’imagination. Apparaissant, généralement, au moment où la limite entre le réel et l’imaginaire n’est pas parfaitement définie, le phénomène d’ami imaginaire n’a rien d’anormal. Bien au contraire, il contribue à la structuration des tout-petits et fait partie du développement normal de l’enfant. Il crée ce compagnon imaginaire pour partager avec lui, ses pensées ou pour avoir à ses côtés un personnage qui l’écoutera constamment.
L’ami fictif permet à l’enfant de développer son imagination, d’extérioriser son stress, d’évacuer ses sentiments, ses joies, ses inquiétudes ou de supporter des situations inconfortables (une séparation, l’arrivé d’un puiné). C’est une source de réconfort lorsque l’enfant éprouve des difficultés. Les enfants éprouvent le besoin de créer un ami imaginaire pour gérer au mieux des situations traumatisantes (la disparition d’un parent ou d’un proche), pour projeter ses désirs et ses pulsions, pour trouver des solutions à un état de solitude.
Comment réagir ?
L’existence d’un ami imaginaire ne devrait pas inquiéter les parents. Ils ne doivent pas remettre en question l’existence de ce compagnon imaginaire et ne doivent pas empêcher l’enfant d’avoir un ami imaginaire. Ces derniers devraient poser des questions à l’enfant pour en savoir davantage à propos de cet ami imaginaire et essayer de comprendre à travers les réponses, les intérêts, les préoccupations et les craintes de leur progéniture. Ils doivent être attentifs et ramener l’enfant à la réalité si l’ami imaginaire devient envahissant, si l’enfant s’isole trop avec ce compagnon.
Il est bon de veiller à ce que l’enfant ait aussi d’autres contacts sociaux. Pour faciliter l’ancrage de l’enfant dans la réalité tout en optimisant l’esprit de créativité, les parents ne doivent pas accorder trop d’importance à cet ami imaginaire. Il importe toutefois d’éviter les remarques désobligeantes et les moqueries au sujet de cette liaison fictive [7], [8].